Artigos
1 fichas
"Awoutchapatcha", "Bwèt nan do*", "Arab manje koulèv**", "Kalakit" ce sont ces quolibets lancés tantôt avec bonhomie, tantôt avec hargne qui accompagnaient les Arabes arrivés en République d'Haïti vers les années 1880. Venus du Liban, de la Syrie, de la Palestine, de l'Egypte et du Maroc portant sur leurs épaules des caisses de marchandises légères, ces immigrants ont vite fait de s'installer au "Bord de Mer" de Port-au-Prince et dans certaines villes de province faisant au fur et à mesure fructifier leurs commerces.
Leurs descendants sont aujourd'hui propriétaires d'une bonne partie des entreprises du pays et pratiquent des professions libérales. Victimes d'une discrimination alimentée par les gros négociants de l'époque qui craignaient la concurrence, ils persévérèrent malgré les lois et mesures prises à leur encontre par les divers gouvernements de l'époque. Proches du peuple, honnis par les élites, ces citoyens ont été longtemps tenus à l'écart de la vie politique du pays. Ce n'est qu'à l'avènement au pouvoir de Francois Duvalier qui vit en eux de potentiels alliés, qu'ils firent leurs premiers pas dans ce domaine.
Ce documentaire, réalisé à partir de recherches dans les archives familiales et d'entretiens avec des personnes de divers horizons relate le périple de ce groupe hétéroclite qui après un siècle et demi reste encore très lié à sa culture d'origine malgré un attachement inconditionnel au pays d'accueil. De nos jours, l'intégration est indubitable, néanmoins ce groupe demeure la cible de certains politiciens en quête d'un bouc émissaire.
L'éclatement des structures de cette ancienne colonie française naguère la plus prospère de la région a mené à son actuel état de délabrement et de misère. Pourtant, les "Arabes" sont encore là. Ils participent activement à l'économie du pays et font aujourd'hui de grandes avancées dans les milieux politiques d'une Haïti combien différente de celle, alors porteuse d'espoir, des années 1880.
"Bwèt nan do": * "ceux qui portent une boîte sur leur dos".
"Arab manje koulèv**" : "Arabes, mangeurs de serpents"
Format : 52'- Vidéo
Caméra : Jean-Philippe Polo, Rachèle Magloire - Son : Saïd Shreim (Liban) et Carlo Télasco (Haïti) -
Montage : Charlotte Teillard D'Eyry - Musique : N'Didgenous -
4 fichas