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En plein cœur de la jungle de Calais (France), sa façade bleue et sa toiture de paille se démarquent aisément. Conçue pour rappeler sa terre natale, la "maison bleue sur la colline" est l'œuvre d'Alpha, artiste en exil depuis de nombreuses années. Lorsque le cinéaste sénégalo-mauritanien Hamedine Kane le retrouve, ils évoquent naturellement leur village natal, où tout a bien changé depuis. C'est sur ce ton de confidence entre amis et de discussions apparemment anodines que se déploie ce portrait de la migration qui, sous son allure modeste, déjoue puissamment les clichés liés à ce sujet. Passionné, drôle et parfois colérique, Alpha parvient à créer un lieu de vie où on ne voit que le passage, tout en mettant à nu l'exploitation de la figure du migrant. Une leçon d'humanisme.
À travers le portrait intimiste d'Alpha, ami d'enfance du réalisateur, La Maison Bleue met en lumière les problématiques de ces oubliettes que sont les camps de migrants européens. Territoires d'exceptions où surgissent des tentatives de résistance comme celles mises en place par Alpha dans son projet d'habitat atelier, lieu où se construit une poétique de la relation qui défie la désolation des corps et la violence du politique.
Ce film s'inscrit dans une démarche artistique et de sublimation d'un homme, artiste, ami, un exilé installé au cœur de "La Jungle", un camp pour réfugiés à Calais.
La Maison Bleue, qu'elle soit l'oeuvre plastique d'Alpha ou l'oeuvre filmique d'Hamedine constitue un espace au sein duquel s'exprime la volonté de s'opposer aux assignations, aux désignations et aux relégations. C'est un voyage entre deux parcours, entre deux mondes. C'est un voyage pour faire face. C'est un voyage pour en finir avec la fuite.
un film de Hamédine KANE
France / Belgique / Sénégal, 2020, moyen métrage documentaire, 56 minutes, couleur
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