**photo (c) Jean-Paul Lozouet**

"1956, l'An II de la Guerre d'Algérie, Abane Ramdane et Frantz Fanon nous plongent dans la fabrique de l'histoire à l'heure où tous les possibles semblent possibles, y compris l'ensauvagement du conflit"

L'histoire
" Dans les ténèbres gîtent les aigles " est le deuxième acte de la collaboration entre Messaoud Benyoucef et Claude-Alice Peyrottes. À travers deux destinées individuelles, celle de Ramdane Abane, héros de la guerre d'indépendance algérienne, et celle de Frantz Fanon, psychiatre antillais qui a rejoint le combat d'Abane Ramdane, c'est un moment de cette tragédie contemporaine qui est saisi par le spectacle.
Deux histoires individuelles happées par la grande Histoire et la faisant tout à la fois, deux vies prodigieusement denses, deux humains simplement humains, placés en ce lieu décisif où soudain le fleuve change de lit, le train de voie, l'histoire de sens, et qui assumeront jusqu'au bout la posture que leur a assignée cette irrépressible force intérieure que d'aucuns nomment le Destin.
Deux vies confrontées, dans l'urgence de l'action, aux problèmes qui sont encore les nôtres : l'engagement, le terrorisme, le racisme, la folie, l'aliénation, le sens de l'histoire... Par quoi elles sont si fraternelles.

Intention
" Dans les ténèbres gîtent les aigles " est une pièce écrite en trois actes : Alger, Tunis, la mort. Déjouant les règles du système des trois unités de la dramaturgie classique (Lieu, temps, Action), l'auteur introduit dans le récit un personnage substitutif, " L'écrivain " en train d'écrire la pièce qui va se dérouler sous nos yeux. Dès lors ce personnage fictif, tour à tour narrateur, raisonneur inquiet, ordonnateur du déroulement du drame, va se prendre à son propre jeu, se donnant dans la pièce qu'il écrit, le rôle de secrétaire d'Abane Ramdane, ultime tentative de changer le cours d'une histoire déjà écrite.
" Dans les ténèbres gîtent les aigles ", est une composition baroque, où les personnages en situation se succèdent en une série de scènes éloquentes, édifiantes, tragiques ou grotesques, comme sur le ban de montage d'un film. La parole n'est pas donnée, mais retrouvée, comme par un effet organique, celui d'un trop plein à vider, d'une urgence à dire.
Six comédiens pour 23 personnages dans un espace de jeu ouvert, mobile, au service de l'urgence du propos. Six comédiens pour une tragédie en trois actes, par le théâtre dans le théâtre, tant le désir de représenter et de jouer rime ici avec le désir absolu et obstiné de vivre et de rêver. Malgré tout.

Qui était Abane Ramdane
Après cinq années (1950-55) passées en détention pour appartenance au Parti du peuple algérien, le principal mouvement indépendantiste, Abane Ramdane rejoint les rangs de l'Insurrection qui vient d'éclater. En moins de deux ans, il va en devenir l'architecte et la tête pensante. Rassemblant et organisant toutes les forces vives de la société algérienne -y compris des Européens et des Juifs- autour de l'Insurrection, il assigne à celle-ci ses objectifs l'indépendance nationale- et sa philosophie politique l'édification d'une république démocratique et sociale- au terme d'un congrès clandestin tenu dans le maquis. L'insurrection est dotée d'une direction politique et d'une armée; mais le politique commande au militaire, et l'Intérieur, à l'Extérieur.


Qui était Frantz Fanon
Ancien élève d'Aimé Césaire, marqué par l'existentialisme sartrien, Frantz Fanon s'engage à 18 ans dans les Forces françaises libres. Après des études supérieures de philosophie et de psychiatrie, il entame sa carrière en 1953, à l'hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie. Bien décidé à révolutionner l'asile psychiatrique, F. Fanon se retrouve face à une société et à une institution complètement gangrenées par le racisme colonial. Dès lors, et puisque le traitement de la folie consiste à rétablir le patient dans ses capacités de choix, à le rendre à sa liberté, à quoi sert-il, ici, de le renvoyer à un monde de mort quotidienne ? Disqualifiée dans sa fonction thérapeutique, la psychiatrie se rabat sur la politique. Le 30 décembre 1956, Frantz Fanon rencontre Ramdane Abane et rejoint les rangs de l'insurrection.


Texte : Messaoud Benyoucef
Mise en scène : Claude-Alice Peyrottes

Avec Jean-Guy Birota, Charles Chemin, Emanuelle Grangé,
Nordine Hassani, Lyazid Khimoun, Gilles Najean

Le spectacle est coproduit par :
Théâtre de l'Agora, Scène Nationale d'Évry et de l'Essonne,
Théâtre Luxembourg de Meaux,
ACTE 91 et les communes de la Norville, Marcoussis, Morsang sur Orge et Palaiseau,
avec le soutien du Centre Culturel d'Athis Mons,
en co-réalisation avec le Théâtre de l'Épée de Bois, Cartoucherie, Paris.
Résidence d'écriture et de création à Évry avec l'aide à l'écriture de la DMDTS.
avec l'ADAMI, la Mairie de Paris et l'AFAA dans le cadre de " Djazaïr, une année de l'Algérie en France ",
Beur FM et Planet DZ