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Emma, déclarée folle, incomprise de tous, se réfugie dans son passé, sa langue. Seule Flore, son interprète, pourra délier l'écheveau de souvenirs qui noue la gorge d'Emma. Ensemble elles démêlent le fil de la mémoire, de ces vies qui s'enchaînent fatalement depuis que Kilima, l'aïeule bantoue, a été arrachée à sa terre natale. L'intensité des relations tissées entre les générations va crescendo vers un dénouement accepté comme une évidence.
Marie-Célie Agnant aménage des pauses dans les atmosphères les plus tendues, elle entretient son récit avec tous les registres, de l'émotion à l'ironie. La retenue dans l'écriture nous protège de la violence de ces amours maternelles bafouées ; la distance entretenue entre le lecteur et la tragédie dispense du jugement : la culpabilité peut enfin faire place à l'innocence.
Format : 14,9 x 23 cm
Broché, couverture quadrichromie avec rabats, pelliculage mat, vernis brillant.
Résumé : Grâce au "Livre d'Emma", nous traversons le temps et les océans pour inventer une parole qui rompt l'oubli et la malédiction.
Extrait : "Un jour, je te parlerai en détail des négriers. Un autre jour. Là tu comprendras, tu comprendras tout. C'est dans leurs cales que tout s'est écrit, dans les plis de la mer, dans le vent gorgé de sel et dans cette odeur de sang."
Citation presse :
"L'écriture est la trace de ce vertige contagieux où mémoire et folie mènent à la mort, où les femmes sont à la fois bafouées et seules à rester lucides. Le vide d'amour entretient cette spirale de violence qui les happe une à une pour finir par le lecteur. Alors ce bref roman n'est plus le récit sur l'esclavage en Haïti mais l'analyse des limites de la parole pour "retrouver les morceaux épars" de la vie qui "nous découpe en petits morceaux" (p.133) ; il répond négativement par le dénouement à la question : "Peut-on guérir de la haine et du mépris ?" (p.176)."
Olivier Villemot, Bulletin critique du livre français, n° 666, janvier 2005.