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Roman autobiographique où l'auteur raconte son enfance et son adolescence marquée par la misère et l'exil. Ce classique de la littérature marocaine a été interdit au Maroc jusqu'en 2000, cette censure était motivée par l'évocation des expériences sexuelles multiples du narrateur.
Dans les années 1940, une famille du Rif s'installe à Tanger pour échapper à la misère et à la tutelle du père auquel ses enfants voue une haine implacable. Dans un accès de violence, le père sous l'emprise de l'alcool avait tué son plus jeune fils… Le narrateur, le jeune Mohammed, se sépare tôt de sa famille. Il connaîtra la famine, la violence des bas-fonds, la sexualité auprès des prostitués, le vin et le kif avec ses amis. Ce roman autobiographique est le récit d'une jeunesse raté qui se partage entre Tétouan, Larache et Tanger.
Son titre arabe est al-khubz al-hâfî, le livre fut d'abord publié en anglais, dans une adaptation faite par Paul Bowles sous le titre For Bread Alone - Londres - 1973). Puis traduit par Tahar Ben Jelloun, il paraît en France en 1980 (Maspero). Le livre a été depuis traduit en une douzaine de langues.
Ce roman écrit en 1952 a fait découvrir Mohammed Choukri comme un écrivain important de la jeune littérature marocaine de langue arabe. Il a été traduit en français par Tahar Ben Jelloun. Il a connu 17 ans d'interdiction au Maroc (jusqu'en novembre 2000). C'est l'évocation des "expériences sexuelles du jeune adolescent" qu'il était qui avait motivé la censure.
"Le roman avait été interdit en 1983 sur décision du ministre de l'Intérieur d'alors, Driss Basri, suivant les recommandations des Oulemas, théologiens de l'islam, scandalisés (entre autre) par la crudité des scènes à caractère sexuel qui émaillent ce récit et les références répétées aux narcotiques tels l'alcool. Mais le très ombrageux ministre de l'Intérieur de l'époque n'avait pas été insensible à l'intraitable portrait d'une société marocaine en proie aux injustices sociales les plus révoltantes." (extrait d'un article de Xavier Kiple, Afrik.com, novembre 2000).
Ce roman a été censuré par l'université américaine du Caire car il contiendrait plusieurs passages "sexuellement explicites" (lire l'article de Christophe Ayad dans Libération, août 1999).
"Le Pain nu est un roman fascinant. Une confession brusque et radicale de l'auteur sur son enfance. Une vie d'enfant de la rue de Tanger. Ce sont les tribulations tristes et désespérées d'un enfant abandonné à lui-même, comme il y en a tant aujourd'hui, de Tanger à Bogota, d'Alger à Kinshasa. Mohammed Choukri n'a jamais eu la chance de connaître un espace familial. Il a connu la rue avec ses habits de misère, la drogue, l'exploitation sexuelle et toutes les maladies. La vie l'a déchiré en mille morceaux dès son plus jeune âge. C'est de ça qu'il parle dans Le Pain nu" (extrait d'un article d'Azzedine Mabrouk, El Watan novembre 2000).