Des temps où les hommes vendent les autres hommes, Lémy Lémane Coco ne se satisfait pas des révoltes muettes. Toujours attaché à l'Histoire, conscient d'interpeller la mémoire, sa voix place sa confiance dans la vérité des choses dont il ne repousse pas la menace ni ne mystifie la beauté. La dimension poétique s'impose là comme une évidence dans la complexité des âmes violentées. De l'île de Gorée à l'histoire rassemblée, l'auteur tisse les larmes en un fin et lancinant souvenir. Des chaînes aux regards croisés, il interroge les griots d'une terre d'origine : "Mes yeux dressés vers l'infini égrènent les décombres venus des champs et du vaste océan."
Extrait
Prélude au néant
Il y a ce pays bleu
À perte d'âmes mandingues
Il y a le grand-père
Du père de mon grand-père
Il y a ces cales immondes
Pièges du peuple d'ébène
Ces mers
Avaleuses d'âmes et d'âmes
Par-delà les terres iniques
Foulées des rescapés
Ces champs
Royaume de l'oubli
Réduit au plus ténu du souffle
Ces fuites
Pure révolte
Supplice des téméraires
À l'ombre étroite
De l'échancrure du temps
Des rêves méfiants
Frisent l'insolence