En août 1983, le Capitaine Thomas Sankara prend le pouvoir dans l'ancienne colonie française de la Haute-Volta. Il est aidé par un commando dirigé par son ami et frère adoptif Blaise Compaoré. Depuis l'indépendance en 1960, c'est le 4ème coup d'état qui secoue la jeune nation. Pour comprendre cette instabilité, il faut sans doute remonter à l'Afrique des Royaumes et des Empires, à celle de la colonisation puis à la conférence de Berlin, en 1885. L'histoire tumultueuse de ce continent porte en elle les germes des conflits qui ponctuent encore aujourd'hui la réalité des nations nées des indépendances.
Contrairement aux précédents, ce coup d'état a des ambitions révolutionnaires d'inspiration marxiste : mettre fin à la mainmise néocoloniale de la France sur les affaires du pays, favoriser l'égalité des chances et l'éducation des masses, et lancer une réforme économique qui tient compte de la ruralité du pays. Un an plus tard, Thomas Sankara renomme son pays le BURKINA FASO, le pays des Hommes intègres, pour signifier que révolution rime désormais avec développement, solidarité, et surtout avec la fin de la corruption. Mais que peut espérer le pays et son peuple de ces militaires ? La mise en œuvre concrète des discours est difficile, la politique de Sankara parfois jugée trop extrême. Des dissidences émergent, et quatre ans après le début de la révolution d'Août, alors que Sankara s'apprête à rectifier certaines de ses erreurs, il est assassiné et le pays entre à nouveau dans le rang des nations amies de la France néocoloniale. C'est son frère d'arme Blaise Compaoré qui mène la contre-révolution et reprend à son compte la parole sankarienne de la nécessaire "rectification".
Par des interviews de témoins et d'acteurs de l'époque ainsi que la présence d'archives souvent inédites, le film nous fait découvrir l'histoire d'un pays africain dont on cite souvent la stabilité en exemple parmi les anciennes colonies françaises dans l'Afrique de l'Ouest. Cette apparente quiétude politique est obtenue au prix fort : les Burkinabés vivent avec une révolution avortée, une alternance démocratique qui fait défaut, un accès aux richesses du pays qui demeurent aux mains de la classe dirigeante et une forte dépendance à l'égard de l'ancienne puissance coloniale. Certains observateurs se demandent : y-aura-t-il bientôt un réveil populaire à l'instar des dernières révoltes dans le monde arabe ?