Romancier algérien de culture française, instituteur, ami de Camus, Mouloud Feraoun a longtemps cru que ses amitiés françaises lui vaudraient de tomber sous les coups du FLN : il sera finalement assassiné par l'OAS, quatre jours avant la fin de la Guerre d'Algérie.
Il a laissé un Journal, commencé en 1955 et tenu jusqu'à la veille de sa mort (Le Seuil, 1962).Un document unique : on y lit le quotidien le plus concret de la "Pacification", "choses vues" au niveau d'un village kabyle, petites scènes d'une comédie humaine rendues sans pathos, mais avec émotion et ironie. On y lit aussi la peur et la torture, omniprésentes dès le début 1956, les petites lâchetés individuelles et la lente et irrésistible émergence de la dignité retrouvée de tout un peuple. Condamnation sans appel d'un siècle de colonisation, mais aussi prescience d'un avenir sombre pour son pays: Feraoun, lucide vis-à-vis des autres, sans complaisance aucune pour lui-même, tiraillé entre deux cultures, humaniste "malgré tout", apparaît, au fil des pages de ce témoignage sans égal, comme un homme très proche, simple, chaleureux, d'une exigence morale sans faille : un Juste au cœur de l'absurde, à la parole, aujourd'hui encore, irrécupérable.
Version scénique et mise en scène : Dominique Lurcel
Jeu : Mohamed Mazari
Violoncelle : Marc Lauras
Scénographie : Gérald Ascargorta
Costumes: Angélina Herrero
Lumière : Céline Juillard
à 20h30