Historique, ce spectacle créé en 1998 à Johannesburg l'est à plus d'un titre. C'est en effet avec Daddy… que la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin est apparue sur les scènes européennes. Loin des propositions faites sur mesure pour les occidentaux, sa vision dissidente de la danse contemporaine africaine a d'emblée fait sensation. Accessoirement, elle affirmait également son goût pour les titres à rallonge, celui-ci donne en français dans le texte : Papa, j'ai déjà vu cette pièce six fois et je ne sais toujours pas pourquoi ils se font du mal.
Au cours des années 2000 sa notoriété internationale a été crescendo. En France, Robyn Orlin a même atteint une forme de consécration avec les spectacles qu'elle a créés à l'Opéra de Paris ou au Musée du Louvre. Ces expériences prestigieuses ne l'ont pas pour autant assagie - elle qui a commencé sa carrière en donnant des cours de danse dans les townships de Johannesburg. Ses spectacles se nourrissent toujours de fougueux allers-retours entre des mondes culturels radicalement différents.
A posteriori, Daddy… fait figure de véritable manifeste esthétique tant elle y décline tous ses thèmes de prédilection : la condition féminine, la discrimination raciale, les clichés sur l'Afrique, le snobisme artistique. Elle épingle avec humour et autodérision les travers de la société post-apartheid en même temps qu'elle roule dans la farine - au sens propre du terme - le ballet classique.
À la noblesse des cygnes blancs, la chorégraphe préfère toujours la fantaisie des vilains petits canards.

Créée à Johannesburgh en 1998.
Cette pièce, commandée par le FNB Vita Dance Umbrella, a remporté le Laurence Olivier Award pour "la meilleure révélation en danse" à Londres en 2003, le Prix Jan Fabre de la chorégraphie la plus subversive des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis à Paris en 2000 et le troisième prix des Rencontres Chorégraphiques Africaines et de l'Océan Indien (Afrique en Créations) en 1999.