Comment, après la colonisation, après l’apartheid, libérer la « grande musique » dite en Afrique du Sud « art music » ? Compositeur et fondateur de New Music Indaba où des artistes de toutes origines ont pu se rencontrer, Michael Blake a conçu un univers sonore expérimental, qui transcende les barrières tout en affirmant une sudafricanité profonde. Aussi a-t-il conçu le « Bow Project », invitant des compositeurs à transcrire et à s’imprégner de musiques rurales. Ces oeuvres, pétries d’Afrique, mettent en évidence le potentiel de modernité que recèlent ces formes, notamment celles qui sont jouées sur les arcs musicaux uhadi et umrhubhe dont Mantombi Matotiyana est une des virtuoses les plus accomplies.

Dans une oeuvre insaisissable, Clare Loveday exprime les contradictions de l’Afrique du Sud, comme la beauté de ses volières et les branches noueuses de sa flore. Élève de Michael Blake et de Clare Loveday, Angie Mullins joue des appositions d’un instrumentarium classique et de l’électronique. C’est à l’électronique aussi que
Pierre-Henri Wicomb confie l’exécution de ses premières oeuvres ; son monde sonore se montre tantôt délicat, tantôt rugueux. Né à Durban, Andile Khumalo incarne un art aux frêles textures suspendues et désormais au-delà des frontières.

En somme, un portrait de la création musicale sud-africaine, de ses fondateurs à ses figures essaimées