Akli D à l'assaut d'Hollywood ? Et pourquoi pas !
Enfant de Kabylie, exilé en France dans les années 80 pour fuir la répression par les autorités algériennes de l'identité amazigh, Akli D aime la musique tout autant que les gens.
Depuis la sortie de son premier album Anefas Trankil en 1999, l'artiste nomade trace son bonhomme de chemin, de Paris à Edinbourg, de l'Espagne à l'Allemagne, du désert marocain aux montagnes kabyles, prêt à tous les voyages et toutes les aventures. Et rallie ainsi autour de lui non seulement les membres de la communauté amazighe, pour qui est un porte-voix de leurs émotions, mais les amateurs internationaux de world music.
Un troubadour des temps modernes ?
Assurément ! Du genre à se retrouver autant dans les maîtres de la chanson kabyle, tels Idir ou Cheikh El Hasnaoui, que dans les grand noms du rock, version Bob Dylan ou Neil Young. Et à aimer marier ces influences pour nourrir son univers, à la fois poétique, intime et engagé.
Car qui mieux que lui, qui continue de se battre pour la reconnaissance et la dignité de son peuple, peut chanter avec justesse et sensibilité l'injustice, l'arrogance des puissants, la cruauté du quotidien ?
Alors en avant !
Depuis son fief parisien, un petit café où les "bœufs" entre musiciens de toutes origines vont souvent bon train, voilà près de vingt ans que cet insatiable curieux balade sa guitare et son banjo à la rencontre des autres et de leurs cultures.
Réalisé par Manu Chao, son deuxième album, Ma Yela, nous l'avait laissé quelque part entre Ménilmontant et Barcelone… Avec Paris-Hollywood, revoilà Akli D sur les routes du monde.
Rythmes berbères, blues du sud, afro-folk… Rif par ici, arpège par là, accordéon, bouzouki, piano, charango : dans ce troisième album, l'artiste s'attache à être là où on ne l'attend pas. Et égrène ses contes mélodiques en touches personnelles ou colorées, prenant au passage un plaisir malicieux à collaborer avec Fredo, chanteur des Ogres de Barback, Magyd Cherfi, pilier de Zebda, ou Amparo Sanchez, touche féminine de la bande à Chao. Avec toujours, en filigrane, la volonté tenace d'appeler par la musique au voyage, à la fraternité et à la paix.
Au final, douze "bouts de brousse" musicaux pleins de charme, débordant de sincérité, de vie et d'espoir, mitonnés sous le regard de l'ingénieur du son Frank Redlich (Gainsbourg, Louis Chedid, la Tordue, Christophe, Arthur H...). Et du réalisateur Philippe Eidel (Khaled, 123 Soleil, Indochine, Mammas). Embarquement immédiat.
Réjane Ereau