Trilok Gurtu renouvelle son métissage world-pop entre Inde et Afrique, déjà bien amorcé sur "African fantasy". On le sent de plus en plus attaché à composer de véritables'chansons'. Cette pulse d'amour - comme le suggère le titre de l'album - colle parfaitement à ses nouvelles orientations. Le percussionniste met quelque peu à l'écart la technicité qui a fait la gloire de sa période jazz-rock (Mahavishnu Orchestra, Oregon) pour se centrer sur l'émotion. Il invite à se rencontrer des voix indiennes - Roop Kumar, Nandini Sirkar, Sonali Kumar Rathod - et africaines - Wassis Diop, Salif Keita, Sabine Kabongo - suscitant des échanges parfois symboliques mais souvent réussis. "Have we lost our dream", par exemple, résonne tel le tube "Seven seconds" de Youssou n'door et Neneh Cherry; les vocalises de Salif Keita et de Sabine Kabongo (ex-Zap Mama) font littéralement décoller ce morceau, entraînées par l'ensemble de cordes de Bombay, la rythmique de Trilok et le sitar de Ravi Chary. Le clin d'oeil possible à Joe Zawinul sur "Jhulelal" rappelle que le percussionniste indien a côtoyé du beau monde en une trentaine d'années. Et, même si des titres comme "A friend" ou "The beat of love" sentent légèrement le renfermé, même si le groove à la basse martienne de "Maya" sort de ses gonds la world traditionnelle, on s'en fout, Gurtu est sur la bonne voie. Laissez-le mettre de l'ordre dans ses idées à base de "ta dek ta dek ta.." (écoutez "Tuhe") et il comblera les plus dociles d'entre-vous.