Les grands auteurs sud-africains des années 1980 ne se définissaient guère que par rapport à l'apartheid et à sa dénonciation : subtile chez Nadine Gordimer, lyrique chez André Brink, plus métaphorique chez Doris Lessing, elle était la matrice de tous leurs écrits. John Maxwell Coetzee est entré un peu plus tard en littérature et a été le premier à se dégager de cette gangue. Les livres de ses débuts (Au cœur de ce pays, En attendant les barbares, Michael K, sa vie, son temps) sont des allégories qui dépassent largement le contexte sud-africain pour mettre en scène l'éternelle et complexe relation entre le maître et l'esclave. La honte, l'humiliation et la violence, la cruauté des rapports humains font le lit de romans très noirs, souvent étouffants et qui visent plus la quête d'une morale que l'engagement militant. Son seul livre à aborder ouvertement l'apartheid, Disgrâce, préfère s'attacher à l'Afrique du Sud d'après et offre une vision extrêmement iconoclaste des traces qu'il a laissées, scindant en deux un pays où les Noirs brûlent de revanche et où les Blancs sont rongés de culpabilité (...)
[Lire l'intégralité de l'article de Hubert Prolongeau publié dans le Magazine Littéraire]