SPLA : Portail de la diversité culturelle

AFRICAN WOMEN IN CINEMA BLOG: Rahma Benhamou El Madani : "Je tente de renouer avec mes racines à travers mes films."

Propos recueillis par Beti Ellerson
  • AFRICAN WOMEN IN CINEMA BLOG: Rahma Benhamou El Madani : [...]
© Rahma Benhamou El Madani
Genre : Faits de société
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv

Entretien, avec Rahma Benhamou El Madani, de Beti Ellerson

À travers ses films, Rahma Benhamou El Madani découvre et examine ses identités multiples. Son dernier film Tagnawittude lui a permis de redécouvrir aussi la musique gnawa et ses pratiques mystiques.


Rahma, vous avez une identité de multiples sources : l'Algérie, le Maroc et la France. Parlez-nous de vos origines et comment elles vous ont formées, influencées.

Je suis née en Algérie, dans un petit village près d'Oran. Mon père et ma mère sont marocains, ils se sont installés dans ce village, où est né aussi Marcel Cerdan d'ailleurs, où de nombreux fermiers colons vivaient de la vigne. Mes parents ont quitté le Maroc et leur Atlas pour passer la frontière et aller en Algérie. Mon père y allait souvent en tant que saisonnier. Tous leurs enfants sont nés dans ce village. Puis il y a eu l'indépendance, l'histoire du Sahara occidental et les frontières entre l'Algérie et le Maroc posaient problèmes, comme dans d'autres pays africains. Le conflit devint de plus en plus sérieux. En 1968 mon père quitta l'Algérie et arriva en France, en 1972 mes parents inquiets de la tournure de la situation, décident de quitter définitivement l'Algérie et nous nous installons en France où mon père travailla dans le vignoble encore une fois.

J'ai donc été coupée de mes racines marocaines et je découvrais le Maroc et l'Atlas à l'âge de 10 ans pendant les vacances d'été. Mes racines algériennes seront coupées douloureusement. Je tente de renouer avec ces racines à travers mes films.

J'ai mis beaucoup de temps à trouver cet équilibre car les anciens ne se rendent pas compte que leurs chemins nous façonnent et qu'ils doivent nous laisser des traces pour ne pas perdre la mémoire. C'est ce que je tente de retrouver, la mémoire de notre monde entremêlé l'un à l'autre. L'histoire du Maroc, de l'Algérie et aussi de la France dans son rapport à ces deux pays.

Vos formations et intérêts sont aussi divers ! Études de Sciences du langage, la radio, et puis le cinéma, ont-ils des points de convergences? Comment êtes-vous arrivée au cinéma par ce chemin?

Du plus loin que je me souvienne, on va dire que mon envie de raconter a été importante. J'ai fait un passage en Sciences du langage en vue de me présenter à l'école de journalisme… et un stage à l'AFP grâce au rédacteur en chef qui m'avait prise sous son aile, et originaire d'Algérie également, m'a convaincue de faire des sujets en prenant mon temps… J'ai donc choisi de faire du terrain plutôt que de passer par une école. J'ai vraiment choisi la voie la plus difficile… Je ne savais pas encore que je me dirigeais vers le cinéma, il me semblait bien difficile d'y accéder pour plusieurs raisons. Je menais mes études tout en m'essayant à la radio et aux débats politiques, aux émissions musicales et aux interviews… mon expérience radiophonique pris fin lorsque j'ai commencé à mener des sortes de documentaires radiophoniques. L'écriture avait déjà beaucoup de place dans ma vie. Et à l'époque les caméras étaient lourdes, ce qui fait que lorsque je me renseignais sur les formations liées à l'image aux Beaux arts ou bien à l'AFPA (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes), je comprenais bien que ce poste était réservé aux hommes. Je pratiquais, à ce moment-là, la photographie à défaut d'image animée. Le cadrage est entré dans ma vie par le biais de la photo.

Puis la vie a fait que j'ai quitté avec mon compagnon ma région Bordelaise pour Lille.

La suite sur [African Women in Cinema Blog]

Partenaires

  • Arterial network
  • Togo : Kadam Kadam

Avec le soutien de