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L'auteur précise d'emblée l'orientation de son ouvrage : l'Afrique n' apparaît que comme objet de la convoitise, de l'impérialisme et de la diplomatie des puissance européennes et comme une base d'une répartition politique... C'est pourquoi, dans la somme qu'il a écrite, la plus grande place est occupée par les grands dirigeants européens qui ont participé au partage de l'Afrique et non par les hommes et les mouvements les plus marquants de la résistance africaine à ce même partage. La particularité de la colonisation de l'Afrique par rapport aux colonisations des autres régions du monde par l'Europe triomphante, c'est qu'elle ne fut pas le résultat de conquêtes de chefs de guerre belliqueux au service de projets populaires hégémoniques où de grands découvreurs géniaux et aventureux, mais le résultat d'un partage réalisé froidement sur une mappemonde par les diplomaties des grandes puissances de l'époque (France, Allemagne, Angleterre, Italie, Portugal). Avec comme date symbolique la fameuse conférence de Berlin (15 novembre 1884 au 26 février1885) initiée par le grand ordonnateur Otto Von Bismark et qui a réuni les diplomates des plus grande puissances mondiales avec l'intention non pas de " diviser l'Afrique " " mais de la désenclaver (...) afin d'y instaurer le libre-échange et de la civiliser dans un esprit de coopération et d'harmonie." Les choses allèrent très vite et en l'espace d'une trentaine d'années (1880-1914), quatre-vingt-dix pour cent du continent noir furent placés sous autorité européenne. Si en 1870, seules les côtes africaines étaient occupées, en 1914 toutes les puissances avaient poussé leur avantage dans l'hinterland (terres intérieures). Restait une question centrale à poser : pourquoi cet engouement pour l'Afrique à cette période précise de l'histoire européenne ? L'auteur n'a pas une théorie définitive à offrir aux lecteurs. Pour lui, " les actions et les entreprises européennes en Afrique ont été inspirées par le souci de défendre une telle diversité d'intérêts et par une telle variété de motifs que toute théorie ou hypothèse générale dans ce domaine est impossible à échafauder dès lors qu'elle ne peut s'appliquer à certains événements." Et de citer néanmoins quelques motifs décisifs : besoin pour certains pays de s'ouvrir des marchés outre-mer ; progrès technologiques et de l'armement ; tentative pour la France, par exemple, de faire oublier la défaite de 1870 et la perte de l'Alsace et de la Lorraine... Enfin, en ce qui concerne, le problème des frontières artificielles installées par ce partage dont les Africains, selon les analyses contemporaines, paient encore le prix fort, l'auteur affirme que l'artificialité n'explique pas tout. Parce que toutes les frontières le sont à partir du moment où elles sont généralement déterminées non par la nature mais par le pouvoir, c'est-à-dire par la politique. La vraie particularité des frontières africaines, conclut-il, " c'est qu'elles matérialisèrent les rapports de force non pas a posteriori, mais a priori. " (Le fameux partage sur la mappemonde). Une approche originale et passionnante d'une partie de l'histoire coloniale africaine.