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La Libye est la plus discrète du paysage musical arabe. Et pourtant cet État détient un répertoire savant dénommé malouf wa muwashshahat qui s'aligne sur l'héritage arabo-andalou des pays du Maghreb. Mais ce patrimoine regarde aussi vers l'Orient et le muwashshah rattache la Libye au Machrek, puisque ce poème chanté est entrevu là-bas comme une forme en soi, alors qu'au Maghreb, il entre dans la composition de la nouba et en devient l'unité. La Libye est un monde tourné à la fois vers l'Orient et vers l'Occident.
Le malouf
En Libye, l'art savant urbain de Tripoli et de Benghazi est appelé malouf. C'est dans ce cadre qu'il s'est conservé. Toutefois le XXe siècle assiste à une sorte de révolution musicale.
Le malouf, qui signifie fidèle à la tradition, regroupe un corpus originaire d'al- Andalus. Ce terme fait partie du vocabulaire de la Libye, de la Tunisie et de Constantine (Algérie), mais pas ailleurs où ce répertoire reçoit divers noms : sanaa à Alger, gharnati à Tlemcen, ala au Maroc. En Europe, on le connaît sous l'expression "musique araboandalouse". Le malouf libien a suivi une trajectoire indépendante avant d'atteindre les salles de concerts où désormais il représente l'art savant de la jamahiriyya. Il a été d'abord le fer de lance des confréries qui l'ont ainsi maintenu à travers le temps et sauvegardé.
Le malouf était interprété lors des manifestations liées au sacré. Son instrumentation ne concédait qu'aux percussions menées par le hautbois (ghayta). L'ensemble accompagnait les voix. C'est au XXe siècle qu'il a été procédé au transfert des mélodies et des textes, vers une destination autre, celle du grand public, grâce à un habillage nouveau. Au moyen d'un ensemble orchestral firqa , ce qui n'est rien d'autre qu'un orchestre d'une quinzaine de musiciens jouant des instruments empruntés à la tradition ou à l'Occident (violons, violoncelle, contrebasse…) auquel se joint un choeur. C'est ainsi que le malouf est apparu à la radio puis à la télévision. L'année 1961 assiste à cette éclosion tentée à Benghazi puis à Tripoli. La personnalité de Hassan Araibi est pour beaucoup dans cette renaissance.