Mangeront-ils ?
Ou Hugo l'Africain
Pour échapper à la convoitise du roi de Man, la princesse Janet s'est réfugiée avec son amant, lord Slada, dans un cloître en ruines. Ils sont piégés dans cet asile dont les fruits et les fontaines sont empoisonnés. Sortir, c'est se rendre prisonnier; rester, c'est mourir de faim.
Cependant, Zineb la sorcière prédit au roi que son destin est lié à celui d'un va-nus-pieds, Aïrolo, condamné à mort par la justice royale et qui s'est juré de sauver les amants de la faim et des griffes du roi. Le roi le fait aussitôt libérer, car " s'il meurt, tu mourras ".
Dès lors, le chat devient la souris dans les pattes d'Aïrolo. À l'issue de cette drôle de comédie politique, les amoureux seront rendus à leurs amours et pourront régner.
Un banquet comblera leur fringale, mais se souviendront-ils qu'ils ont eu faim ?
Pourquoi Mangeront-ils ? par des acteurs africains ?
Il s'agit d'un conte féerique aux confins du fantastique, animé par un va-nu-pieds à la fois Ariel et Puck, une sorcière à l'agonie qui proclame le triomphe de l'animisme, un roi pas content et son conseiller sournois. Plus deux amoureux enfermés dans un cloître, à l'image de la famille Hugo exilée à Guernesey loin d'un autre despote pas content, Napoléon le Petit.
La pièce place ses personnages au cœur d'une nature venimeuse. En proposer une interprétation africaine n'est pas un caprice astucieusement moderne : si l'on veut sincèrement célébrer Hugo à l'occasion de son bicentenaire et si l'on est vraiment attiré par une expérience artistique et humaine au service du théâtre africain, Mangeront-ils ? est la seule pièce évidemment africaine de Victor Hugo. Et les artistes que nous souhaitons réunir autour de ses alexandrins sauront s'approprier cette idée et donner vie, par leur génie propre, à un texte à la fois élémentaire et supérieurement élaboré.
C'est donc en toute liberté que nous abordons cette œuvre magique, armés de la devise d'Aïrolo : Mon chez-moi c'est l'espace, et Rien est ma patrie.
Donc, pas de mur, mais un spectacle de plain-pied, de plein vent, qui libère l'imagination et la participation du spectateur. Il s'agit de créer autour de Hugo un attroupement comme autour d'un acrobate. Ici c'est avec la langue, les images, les sentiments, que s'amusent les jongleurs. Aïrolo est un athlète du langage qui se joue de la pesanteur comme un oiseau : il faut tenter de le suivre en servant les vertus orales, polémiques, humoristiques de l'œuvre.
C'est en plaçant cette fantaisie pleine d'humour dans la bouche d'ombre d'une troupe réunie au Mali, à Bamako, que nous espérons retrouver cette veine moderne qui fait aimer Hugo du peuple, et du public : son mélange de familiarité et de distinction. Qui mieux que Hugo serait digne d'incarner l'ouverture du théâtre sur les promesses d'une confrontation des cultures ?
Qui mieux que Hugo l'Africain ?
Fiche technique
Mise en scène / Julien Téphany
Collaboration artistique / Arnaud Laurens
Avec
Fatoumata Camara / Janet
Lamine Diarra / Slada
Ambaga Guindo / Mess Tityrus
Abdou Ouologuem / Le Connétable
Frédéric Kontogom / Aïrolo
Kounandi Sidibé / Zineb
Modibo Dily Traoré / Le Roi
Diakiala Diarra, Amadou Konaté / Musiciens
Arnaud Laurens / Musique additionnelle
Décors et costumes / Abdou Ouologem
Lumières / Guillaume Lambert
Administration / Jérôme Bocquet, Jacques Téphany
coproduction Compagnie 9 et demi / A.T.P.M. Théâtre / Acte sept (Mali)
avec le soutien de l'A.F.A.A. -programme Afrique en créations, du Centre culturel français de Bamako (Mali), de l'Agence intergouvernementale de la francophonie, de la Ville de Paris, et du Ministère de la Culture - D.R.A.C. Ile-de-France, de la S.P.E.D.I.D.A.M., l'A.D.A.M.I. et de la Comédie de Saint-Etienne - C.D.N.
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