En partance pour la ville, Erik Aliana convoqua l’esprit des chamanes, le souvenir de l’enfance campagnarde, la clairvoyance et l’humour des anciens…
Les traditions musicales de son Cameroun natal, Erik Aliana les respecte, les illustre, les enrichit, les bouscule parfois. La palette chatoyante de sa voix unique donne des couleurs aux rues de la grande ville où il vit désormais, les rythmes ruraux originels scandent avec lui l’agitation urbaine. C’est de cette rencontre, de cette confrontation, entre village et mégapole que son art tire sa beauté, son authenticité, sa dimension spirituelle. Sur ce chemin exigeant et tendre, ses frères, ses alliés du Korongo Jam, redoutables ambianceurs, l’accompagnent, au plein sens du terme.
Sa vive érudition et sa douce énergie font d’Erik Aliana une figure remarquable de l’expression africaine.
Auteur-compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, Erik Aliana revisite par son écriture musicale propre les musiques traditionnelles des peuples de la forêt et de la savane d’Afrique Centrale, notamment le bikutsi (ou kindo) chez les Béti popularisé par le légendaire groupe les Têtes Brulées au milieu des années 80. Inspirée par les fêtes et rites du village, les sons Pygmées et les ambiances de la forêt équatoriale, la musique d’Erik Aliana perpétue un héritage fragile en même temps qu’elle renouvelle la création musicale africaine.
S’il vit aujourd’hui à Paris, Erik Aliana a grandi entre Yaoundé et Badissa, le village d’où il est originaire dans la province du Centre-Cameroun. Deux clivages culturels et deux modes de vie qui ont marqué sa manière d’appréhender la musique… C’est ainsi que son talent s’exprime aussi et surtout, dans le mélange des genres et des époques lorsqu’il mêle polyrythmies traditionnelles à des touches jazz, funk ou cha cha cha... Ses textes chantés en o’sananga, français et anglais (pidgin), dépeignent une Afrique belle et bien vivante, et traitent de sujets de société actuels, inspirés par la sagesse des anciens.
Après des débuts remarqués au Cameroun, Erik Aliana et son groupe le Korongo Jam traversent le continent africain (MASA, FESPAM). En 2003, il est la révélation des Musiques Métisses d’Angoulême pour sa première grande tournée européenne, suivie en 2005 par les Etats-Unis (Festival de Louisiane). Entre 2006 et 2010, c’est le Japon et la Corée du Sud où il se produit chaque année (Festival Sukiyaki Meets The World, Gwangju International Festival). Parallèlement, il participe en 2008 à la création du conte musical « L’enfant pirogue et l’homme crocodile » aux côtés de Manu Dibango, avant d’être à l’affiche d’un projet créatif unique Asie-Afrique (2011/2012), aux côtés de la chanteuse Zimbabwéenne Chiwoniso, baptisé du titre d’une de ses chansons : Sukiafrica.
Son premier album « Just African » (2006) a été soutenu par l’UNESCO et l’AFAA (ex-Institut Français). En 2011, il signe chez le label Buda Musique avec l’album « Songs from Badissa » qui sort en sélection FIP : «Un chant qui emprunte toutes les nuances et sillonne d’infinies vibrations, de voix entrecroisées en polyphonies de dentelle, des rythmes qui frottent allégrement leurs complexités, des instruments traditionnels aux sonorités boisées, des flûtes, bruitages, chuintements, sifflements... Ce que l’on saluera surtout dans ce disque solaire et subtil? Son architecture fine, et l’incontestable talent d’arrangeur d’Erik Aliana. Songs from Badissa s’écoute sans modération» Anne-Laure Lemancel, RFI musique.
En 2013, il est de retour en studio pour enregistrer son troisième album « Just My Land » (Buda Records) dans les conditions du Live. Sorti en novembre 2013, l’album est en sélection FIP et présenté à l’occasion du Festival Au Fil des Voix à Paris en février 2014.
« Du bikutsi au makossa, le chanteur camerounais continue, sur l’album Just My Land, ses allers-retours alertes et volatils entre son village natal dans la forêt équatoriale et l’effervescence urbaine de Yaoundé. Sa voix souple, sensible, et son aura de conteur font le reste, dans un mélange de guitares funky, de flûtes pygmées et de frappes boisées (balafons…) à la mystique joyeuse. »
Anne Berthod, Télérama (« on a vu, on aime beaucoup »).
http://www.erikaliana.com
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