Elle est demeurée esclave sa vie durant. Pourtant la réputation d'Aïcha Messaoud, la "savante analphabète" surnommée la "poétesse du désert", s'étend sur les milliers de dunes que compte le Sahara occidental. La très vieille femme, qui reçoit la réalisatrice Dalila Ennadre dans la petite ville de Tata où elle vit désormais, conserve un esprit espiègle et fait preuve d'une mémoire étonnante. "Je suis venue de Mauritanie à l'âge de 7 ans. Je nomadisais dans le désert avec mes parents, ma famille servait le cheikh Ma-el-Aïnïne depuis plusieurs générations. On se nourrissait de plantes. Les hommes et les femmes marchaient avec leur ardoise sur le dos. Ils passaient leur temps à apprendre... Moi, je n'ai appris que par l'ouïe, car j'étais une servante... mais je faisais taire même les professeurs. La poésie, le savoir, l'étude étaient toute la vie de mes maîtres, leur force et leur fierté. Moi, je ne suis qu'une vieille servante sale. Mais les gens viennent à moi, et pourquoi donc si ce n'est grâce à ma culture ? Je ne me change jamais, l'habit m'importe peu, seul le savoir me comble et m'élève."
Béta SP.