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Un matin, un jeune père de famille promet à sa femme
et ses jeunes enfants de les appeler dès qu'il traverse
clandestinement l'Espagne. Son appel n'arrive pas…
Le cinéma d'Hakim Belabbes est un cinéma embrasé.
La lumière qui habite chacun de ses films est une
lumière douce et brûlante à la fois, de celle qui réchauffe
et modifie à jamais notre regard sur le monde. Ces Rêves
ardents s'attachent cette fois à nous emmener sur les
chemins de l'exil, sur les traces de ceux qui partent
comme sur celles de ceux qui restent, attente, absence
et manque de l'être aimé. Mélangeant comme dans
tous ses films de la fiction à ce qui semble être de la
réalité brute, ou peut-être l'inverse, le cinéaste économise
les mots pour mieux dire en images le langage secret
des hommes avec les éléments. Bien sûr, il s'agit de
nous faire sentir la douleur de la séparation et la mélancolie qui l'accompagne mais jamais cela ne nous est
asséné. Hakim Belabbes est un cinéaste de l'intime et
de l'universel, il ne cherche pas à forcer la main des
spectateurs, au contraire, chacune de ses images nous
fait ressentir de l'intérieur, le temps qui passe.
Rêves ardents est un film sur l'épaisseur du temps: "on
n'échappe pas à son destin, où que l'on aille" nous dit
face caméra un visage de femme, il ne s'agit pas de se
résigner mais de comprendre et de ressentir. Il y a dans
ce film une attention portée aux gestes du quotidien
qui bouleverse et émeut au plus profond: la mère qui
arrose les plantes, la mer qui emporte, l'enfant qui se
lave les mains, le feu qui réchauffe ceux qui vont partir… Eau, terre, feu, air sont réunis pour célébrer l'épiphanie, celle de l'humanité et du cinéma qui éclaire le monde.
(catalogue Panorama des cinémas du Maghreb 2013)